ÉMILE CAPGRAS
Émile CAPGRAS est le fils unique d’une couturière et d’un charpentier. Il suit l’école primaire jusqu’à l’obtention de son certificat d’étude à l’âge de treize ans. Il devient ensuite apprenti chaudronnier à l’Usine du Robert et le restera jusqu’en 1946. Après son service militaire, il entre aux PTT. Il s’engage alors dans le syndicalisme et devient secrétaire général du syndicat CGTM des PTT. Il est notamment l’un des leaders de la grève pour obtenir l’égalité entre fonctionnaires « locaux » et « métropolitains ». Il prend sa retraite en 1990. Parallèlement à son engagement syndical, il est membre du Parti Communiste Martiniquais où il entre au comité central en 1968. En 1992, il est élu Président du Conseil Régional de la Martinique. Il est aussi conseiller municipal du Robert de 1983 à 2008. Lors des élections régionales de 1998, le PCM fait alliance avec le MODEMAS en présentant une liste commune intitulée « Sanblé Pou Matinik » et pilotée par Émile CAPGRAS. Emile CAPGRAS était un homme simple, modeste, ordinaire, pétri de qualités élémentaires faisant néanmoins de lui un homme d’exception. Tenace et persévérant, convaincu des vertus émancipatrices de l’éducation et de l’enseignement, il s’est battu très tôt, sans relâche, pour la constitution d’associations de parents d’élèves en Martinique. Dévoué et serviable, mais ferme et solide dans ses convictions ; n’oubliant surtout pas d’où il venait (la Rivière Cacao), il s’est engagé au Parti Communiste Martiniquais et a consacré sa vie à lutter pour l’amélioration des conditions de vie sociale et économique des plus démunis et défavorisés, ceci jusqu’à son dernier souffle. Pacifique et consensuel, il avait un profond respect des autres mais aussi de la Démocratie.
EDOUARD DE LEPINE
Né à Fort-de-France le 11 janvier 1932, il aimait à dire qu’il est arrivé à Ste Luce à 13 jours ! Après une petite enfance marquée par la mer, il avait envisagé d’être marin-pêcheur. Ironie de l’histoire, c’est son côté rebelle qui entraîna son installation au François où il fut remarqué par son instituteur Nazaire Léotin. Ce dernier va convaincre sa mère de l’envoyer au concours de bourse pour l’admission au lycée Schœlcher.
Il y reviendra par la suite comme professeur d’histoire et géographie. Il nous a avoué que c’est le Discours de la distribution des prix du Pensionnat colonial prononcé par Aimé Césaire le 10 juillet 1945 (il a alors 13 ans) qui sera le point de départ de son militantisme. Et d’ailleurs sa grande œuvre fut de rassembler, d’annoter et de publier les Ecrits politiques d’Aimé Césaire de 1935 à 2008.
Nombreux sont ceux qui ont fréquenté son domicile de l’Immeuble Monplaisir à Fort de France. C’est le cas de Cécile, qui lui confia son mémoire de maîtrise sur le mouvement ouvrier qu’il annotera au stylo ! En revanche, Cyr, Patrice, Charles, Frantz ou Farell ont été initiés à la lecture de documents sur l’histoire de la Martinique pour préparer la commémoration du 22 mai. Pour ma part, c’était l’oral du baccalauréat en juin 1975 ! Quel bonheur d’être interrogé par un professeur qui avait la même passion : la Révolution bolchevick ! Puis, la rencontre avec son livre de référence : Questions sur l’histoire antillaise.
Il adhéra à tous les combats pour la liberté et l’émancipation dans la Caraïbe et dans le monde. Anticolonialiste convaincu, il a été marqué par sa participation à la Conférence Tricontinentale de janvier 1966 à la Havane. C’est ainsi qu’il a échangé avec Fidel Castro, Éric William, Michael Manley et bien d’autres personnalités avec qui il conserva des relations très étroites.
Pour autant, Edouard ne s’est jamais écarté de la réalité de son pays, la Martinique. Nombreux sont les jeunes des années 1970 et 1980, qui l’ont considéré comme un véritable éclaireur de conscience. Avec eux, mais aussi avec les militants de sa génération, la décision fut prise de faire sortir Le Robert de son désert culturel. Il s’en suivit l’émergence du journal « Réflexion » qui était la voix de jeunes Robertins qui avaient soif de culture, d’échanges, de développement du sport.
Il faut dire qu’Edouard De Lépine avait avant tout une volonté d’œuvrer pour le progrès des classes laborieuses. C’était un penseur progressiste, un anticolonialiste. Au Robert, il est soutenu par les anciens militants de gauche et la jeunesse en qui il a une grande confiance.
Après les échecs aux municipales de 1965, 1971, 1977 et 1983, les regroupements ont commencé à Four à Chaux avec « les anciens » mais aussi, des jeunes comme Claude, Antoine, Joël, Jean-Paul… En même temps, nous avons travaillé à l’élaboration d’un projet pour Mettre le Robert sur les rails du XXIème siècle qui reprenait les principaux axes de ce visionnaire du développement social, économique, culturel, sportif, administratif de la ville du Robert. Leader charismatique, homme politique de haut niveau intellectuel Edouard De Lépine a pu convaincre en 1989 une majorité de la population du Robert et impulser le développement. Petite anecdote, lorsqu’il prit ses fonctions en mars 1989, il n’y avait aucun ordinateur à l’Hôtel de ville, et c’est avec le sien que nous avons travaillé !
Il a lui-même expliqué son itinéraire politique dans son dernier livre publié en 2016, « Nous sommes des nains sur les épaules d’un géant Aimé Césaire ». Il s’agit d’une analyse sans complaisance pour lui-même et pour la Martinique que tous jeunes, et tout particulièrement, les jeunes élèves de l’école Elémentaire Edouard De Lépine, devront lire pour comprendre la vie politique de la Martinique de la fin du XXème siècle au début du XXIème siècle.
SES OUVRAGES
• Pour la révolution socialiste antillaise, contributions au débat - 1973.
• Histoire du Parti Communiste et du mouvement ouvrier à la Martinique de 1945 à nos jours - 1978
• Questions sur l’Histoire antillaise - 1978
• La Crise de Février 1935 à la Martinique - 1980
• Les colons martiniquais et l’idée de spécificité coloniale au début de la Révolution française - 1986
• Sur l’Abolition de l’esclavage - 1988
• 22 Mai 1848 - 1989
• Pourquoi je ne suis plus maire - 1997
• Dix semaines qui ébranlèrent la Martinique (25 mars - 4 juin 1848) - 1999
• Hommage à un grand Martiniquais, Camille Darsières - 2009
• Commémoration du 205ème anniversaire de la naissance de Victor Schœlcher - 2009
• Sur la question dite du statut de la Martinique - 2010
• Chalvet, février 1974 - 2014
• De Gaulle, le 18 juin 1940 et les Martiniquais - 2015
• Aimé Césaire Écrits politiques - Volume 1 - 2013
• Nous sommes des nains sur les épaules d’un géant, Aimé Césaire - 2016
• Aimé Césaire Écrits politiques - Volume 2 - 2016
• Aimé Césaire Écrits politiques - Volume 3 - 2016
• Aimé Césaire Écrits politiques - Volume 4 - 2018
• Aimé Césaire Écrits politiques - Volume 5 - 2018
PAUL CHILLAN
Paul Chillan s’est éteint mercredi 1er septembre à l’âge de 85 ans. Véritable star du football martiniquais dans les années 60, Paul Chillan a évolué d’abord à l’US Robert avant de devenir professionnel en 1959. À l’époque, il signe au Nîmes Olympique où il évolue en tant qu’ailier gauche. Il a été en International français et a joué contre le roi Pelé. Dans l’élite du football français, il dispute 213 matchs et inscrit 53 buts. Il achève sa carrière professionnelle à Arles où il évolue deux ans, de 1967 à 1969. Paul Chillan a ouvert les portes du football professionnel à certains joueurs comme Eric Sabin, Jean-Claude Mith.
Palmarès : International français en 1963, Vice-champion de France en 1960 avec le Nîmes Olympique.
DAMIEN HOMBEL
Le 4 janvier 2021, Damien HOMBEL a été enterré dans le caveau familial au cimetière du Morne Rouge. Né le 27 mars 1945, cet agent de la Poste, licencié au Club Péléen et au Club Colonial, a été champion de Martinique du 400 mètres et du 800 mètres, avant son départ pour la métropole. A son retour dans les années 1980, il a créé la section athlétisme au sein de l’US Robert, dont il fut le président et l’un des entraîneurs. Son implication et sa persévérance ont hissé le club au plus haut niveau. L’US Robert, qui compte aujourd’hui environ 240 licenciés, est le premier club de Martinique en terme de performance et le premier club des Outre-mer. Damien HOMBEL était un homme passionné, qui a inculqué des...
MARCEL HARDY
Mardi 15 novembre 2022, le docteur Marcel Hardy s’est éteint. Né le 22 janvier 1934 à Fort-de-France, il était diplômé de la Faculté de Médecine de Paris le 17 juin 1964. Cette même année, il devient le deuxième médecin généraliste du Robert. De 1964 à 1977, il fut le médecin accoucheur de la maternité du Robert et médecin scolaire et de Protection Maternelle et Infantile.
De juin 1977 à mai 2010, il fut le Médecin coordonnateur de la Maison de retraite du Robert et créé la Fondation Martinique Alzheimer assisté de Madame Chamoiseau-Marc Miriel (aujourd’hui décédée). Il était diplômé de Gérontologie clinique à Bordeaux en 2000 et fut spécialiste du traitement de la douleur et de la nutrition diététique.
De 2011 jusqu’à sa retraite en 2019, le docteur Hardy fut le Médecin traitant de EHPAD du Robert et le 26 juillet 2019, l’établissement a été dénommé à son nom par Alfred Monthieux, maire de la ville.
AIMÉE DU BUC DE RIVERY
A la fin du 18ème siècle, la paroisse du Robert est une des plus importantes de la Martinique. Elle est administrée successivement par une dizaine de curés parmi lesquels on peut citer les pères Cazeneuve, Darmagnac, Trepsac. C’est ce dernier qui, le 24 mai 1773 donna la bénédiction nuptiale à Henry Jacob Dubuq de Rivery natif de la « paroisse Ste Rose Cul de Sac Robert » et Marie Anne Arbousset Beaufond.
Trois ans plus tard le couple donne naissance à Aimée, celle qui est l’objet d’une belle légende, celle de Nakshidil, mère de Mahmoud II décédée en 1817 !
Quels sont les faits historiques ?
- 1776 : acte de baptême d’Aimée Dubuc dans les registres du Robert, ainsi que celui de sa sœur et l’acte de mariage de celle-ci avec Guillaume Marlet.
- 1785 : naissance de Mahmoud en Turquie.
- 1788 : disparition en mer d’Aimée lors de son voyage retour vers la Martinique.
- 1817 : une sultane d’origine française est décédée et enterrée en Turquie.
Ces dates devraient faire échec à la légende puisque d’une part Aimée n’avait que 9 ans à la naissance de Mahmoud et que d’autre part elle n’a pu arriver en Turquie qu’en 1788 soit 3 ans après la naissance de son prétendu fils ! Or, en 1820, est publié un feuilleton qui décrit l’histoire d’une jeune martiniquaise dont le bateau aurait fait naufrage, qui aurait été capturée, mise en esclavage et offerte au sultan Sélim. Le beau-frère d’Aimée envoie une réponse au journal disant qu’il peut authentifier l’histoire et dès lors commence la saga pour la reconnaissance de la sultane Validé du Robert. La famille se lance vers la recherche de preuves pour officialiser les liens avec le sultan. Ne pouvant changer sa date de naissance, certains avancèrent qu’elle fut la mère adoptive !
Quels sont les écrits sur cette légende ?
De nombreux ouvrages consacrés à l’histoire de la Martinique mentionnent son existence. Ainsi en 1927, l’abbé Rennard écrivit que « C’est au Robert, à la Pointe Royale, aujourd’hui la Marlet, que naquit en 1776 Aimée Dubuc de Rivery l’impératrice voilée, qui fut sultane à C o n s t a n t i n o p l e en même temps que Joséphine de Beauharnais était impératrice des Français. »
A sa suite, Jules Lucrèce en 1930, dans son très sérieux ouvrage destiné aux élèves des Cours Supérieur et Complémentaire des écoles primaires, publia même un portrait avec la légende suivante « Aimée Dubuc de Rivery, devenue sultane Validé, mère de Mahmoud II ». On peut encore citer l’ouvrage préfacé par le professeur A. Lacroix de l’Académie des sciences qui en 1931 présente notre sultane. L’auteur William Dufourgeré présenta de nombreuses conférences autour de son livre.
L’illustre maire du Robert Lucien Belus racheta la maison natale d’Aimée à Pointe Royale. Le trésor qu’il y aurait trouvé ne fit que raviver la légende. N’a-t-il pas construit la mairie avec cet argent, comment était-il devenu si riche ?
C’est en 1990 que Jacques Petitjean Roget rejettera cette thèse. Même si sa démonstration est brillante, la légende est tenace. Son ouvrage au titre provocateur « J’ai assassiné la sultane Validée » n’a pas mis fin au mythe.
SERGE PAULINEAU
C’est en 1934, au quartier Chère Epice, que Serge Paulineau a vu le jour. D’aucuns toujours vivants, pourraient encore se souvenir d’un jeune homme enfourchant son vélo pour se rendre à l’usine du Galion à Trinité, puis à l’usine Dénel au Gros-Morne. Là, il découvrira et se perfectionnera au métier de mécanicien, qu’il mettra à profit tout au long de sa vie, quelle que soit l’activité à laquelle il se consacrera.
En effet, très tôt, il constate qu’accompagner sa mère et ses tantes à la messe du dimanche l’oblige à revenir récupérer des voisines tout au long de sa route. Cela le décide à lancer son activité de taxi de place. Par la suite, lors de la construction de sa maison, en vue d’accueillir sa femme Louise puis quatre enfants, le besoin de matériaux sonna comme une évidence. Il se lança donc dans le transport de matériaux.
C’est en 1973, qu’il entreprit avec son épouse de créer une station service et un snack attenant. D’abord sous l’enseigne TEXACO, puis ELF. En 2021, il renonce à son activité de commerçant sous la dernière enseigne TOTAL. Par ailleurs, le couple était aussi très engagé au sein de la paroisse du Vert-Pré. Monsieur Paulineau a su notamment se faire entendre de façon ferme lors de la rénovation de l’église que nous connaissons aujourd’hui.
Ce qui caractérise plus singulièrement Serge Paulineau, c’est son engagement à suivre les préceptes de sa foi, à les transmettre par ses actes à ses enfants, ainsi qu’à toutes les personnes qu’il a pu rencontrer durant son parcours de vie. En effet, c’est sur ce plan, et avec la plus grande humilité et discrétion que le rayonnement de foi de cet homme a opéré et continue d’alimenter son souvenir. C’est avec droiture, générosité et sourire que Serge Paulineau a servi.
Le 3 mai 2023, les enfants du Vert-Pré lui ont rendu hommage à la hauteur de l’amour qu’il a pu distiller à chacun d’entre eux.
FRANTZ FERJULE
Frantz FERJULE, un grand nom de la voile traditionnelle, double vainqueur du Tour de Martinique des yoles rondes, s’est éteint le vendredi 11 août à 15h10, à l’âge de 88 ans, dans la commune du Robert.
Il n’est pas le patron qui a gagné le plus de courses, ni le plus grand nombre de Tours des yoles. Mais le public semble lui vouer un amour indéfectible. Frantz Ferjule aura juste eu le temps de voir le 11ème sacre de Félix Mérine, un de ses poulains, patron de la yole UFR-Chanflor. Cinq jours après la fin de cette 37ème édition, l’un des patrons historiques du Tour et ancien marin pêcheur s’est éteint dans sa commune du Robert.
Depuis le premier Tour en 1985, Frantz Ferjule a gagné deux tours comme patron, en 1998 à bord de la yole Valda et en 1991 avec la yole Sisal du Robert. Avec sa disparition, c’est tout le monde de la voile traditionnelle qui est en deuil et pleure l’un de ses plus illustres défenseurs et représentants.